Confiance et contrôle - amis ou ennemis ?

Par Mathias Fuchs

 

Il y a deux semaines, j'avais l'intention de rédiger un article sur le thème de la confiance, et ce principalement pour deux raisons :

  1. "La confiance est un élément central de toutes les approches agiles et donc aussi de la validation agile."
  2. D'autre part, la "confiance" est l'un des termes qui sont actuellement utilisés de manière presque inflationniste dans le contexte de la mise en œuvre des méthodes agiles - je suis sûr que vous avez lu des dizaines d'articles du type : "Commander & Contrôler, c'était hier; la collaboration basée sur la confiance, c'est l'avenir".

Je me suis donc assis et j'ai commencé à trier mes pensées sur ce sujet. Le résultat m'a stupéfié. Ce mot, que l'on utilise à tord et à travers - et je ne m'exclus pas expressément de cette catégorie de personne - a une profondeur et un impact incroyables sur des aspects très différents, tant dans la vie privée que dans la vie professionnelle. Il est impossible de s'en approcher suffisamment dans un petit billet. En y réfléchissant, j'ai été confronté à des questions telles que :

  • Que signifie réellement le terme "confiance" pour moi ?
  • En qui ai-je confiance et dans quelle mesure, d'une part dans ma vie privée et d'autre part dans ma vie professionnelle (y a-t-il des différences ?)?
  • En tant que Scrum Master, puis-je exiger la confiance au sein d'une équipe ?
  • Comment faire en sorte qu'une équipe se fasse mutuellement confiance ?
  • Qui se met en confiance et quand, et quelles en sont les conséquences ?
  • En faisant systématiquement confiance, je me rends vulnérable. Est-ce que tout le monde en est conscient et comment cela est-il géré au sein de l'équipe ?
  • Le contrôle est-il la mort de la confiance ? Ou son commencement ?

Ouf ! Beaucoup trop de sujets différents. J'ai décidé de réfléchir un peu plus sur les deux notions de confiance et de contrôle pour moi-même. Pour moi, à titre personnel, sans recherche bibliographique, sans étayage scientifique.

Prenons l'exemple de Scrum : dans le Guide Scrum, le mot confiance apparaît exactement une fois. Et plus précisément dans la section des valeurs Scrum. Rappelons que les valeurs promues par Scrum sont

"Commitment, Focus, Openness, Respect, and Courage", c'est-à-dire engagement, concentration, respect et courage.

Dans le guide Scrum, on peut lire :

"Les membres de l'équipe Scrum apprennent et explorent les valeurs lorsqu'ils travaillent avec les événements et les artefacts Scrum. Lorsque ces valeurs sont incarnées par l'équipe Scrum et les personnes avec lesquelles elle travaille, les piliers empiriques de Scrum que sont la transparence, le contrôle et la cohérence prennent vie et créent la confiance."

Voilà, c'est ça. Ça a l'air bien. Mais qu'en est-il de la réalité ? Surtout si les objectifs du sprint ne sont pas atteints, ou si les estimations dans la planification du sprint étaient une fois de plus très optimistes et que seule une partie des stories a été terminée ? Il paraît que cela arrive, à l'époque où les équipes Scrum travaillent le plus souvent à distance 🙂

Ensuite, je me surprends toujours à faire germer les graines de la méfiance : tout le monde a-t-il vraiment fait de son mieux ? On ne peut que supposer ce que pense le Product Owner qui doit maximiser la valeur du produit. C'est là que les choses deviennent critiques, car lorsque cette idée commence à germer, la confiance est en fait partie depuis longtemps. Et ce germe est assez résistant. Il germe encore après des années et se développe assez rapidement.

Pour moi, tout cela est aussi lié aux attentes mutuelles. Si je ne suis pas sûr qu'un membre de l'équipe donne le meilleur de lui-même, la question surgit rapidement : que fait-il/elle toute la journée ? J'aurais pu le faire beaucoup plus vite. Et c'est justement la mauvaise question pour moi. Il s'agit plutôt qu'une équipe donnée, avec des compétences et une expérience données, trouve la vitesse de livraison (velocity) optimale pour cette équipe. Et, dans l'idéal, d'augmenter celle-ci au fil du temps en optimisant les processus. Et de ne pas oublier : la vélocité est la vitesse qu'ils peuvent maintenir à long terme, indépendamment de tout jalon de projet fixé au départ, défini à un stade très précoce du processus de développement empirique et qui n'est typiquement jamais ajusté 🙂 .

Revenons-en à la confiance : à mon avis, la véritable confiance ne peut être obtenue que par l'introduction de mécanismes de contrôle. Mais pas seulement par des contrôles imposés de l'extérieur (sprint burndowns, dailys, sprint reviews), mais surtout par l'introduction de contrôles qui viennent de l'intérieur, de l'équipe elle-même. Posez la question au quotidien : étiez-vous tous satisfaits de ce que vous avez fait hier ? Si (espérons-le) la réponse est : "Non, hier je n'étais pas de bonne humeur et je n'ai pas fait du bon boulot. Je ne suis pas satisfait", alors je pense que vous avez déjà fait un bon pas en avant vers une collaboration d'équipe durable et confiante.

Le contrôle, ou plutôt l'autocontrôle, n'est donc pas l'ennemi de la confiance, mais une condition fondamentale pour que la confiance puisse s'installer dans la durée.

C'est vrai dans de nombreux domaines, mais surtout lorsque de multiples compétences différentes collaborent, comme dans le cas de la validation agile, où le business, l'informatique et l'AQ travaillent ensemble sur un produit validé.

Qu'en pensez-vous ? Je suis curieux.

 

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